Psychologie du cyberharcèlement: comprendre les victimes et les agresseurs
Savez-vous que 41% des jeunes français déclarent avoir été victimes de cyberharcèlement au moins une fois dans leur vie? Un […]
Le cyberharcèlement représente aujourd’hui l’une des formes les plus insidieuses de violence dans notre société hyperconnectée. Selon les dernières données de l’Organisation Mondiale de la Santé (2024), environ un adolescent sur six en Europe est victime de cette forme d’agression numérique, un chiffre en constante augmentation depuis la pandémie.
Le cyberharcèlement ne se limite pas aux insultes en ligne. Il englobe diverses pratiques : divulgation d’informations personnelles (doxing), diffusion non consentie de contenu intime (revenge porn), usurpation d’identité, et plus récemment, création de deepfakes compromettants grâce à l’intelligence artificielle. Cette diversification des formes d’agression rend le phénomène particulièrement difficile à cerner et à combattre.
Contrairement aux idées reçues, les recherches récentes démontrent que le cyberharcèlement active les mêmes circuits neuronaux que la douleur physique. L’étude de Bansal et al. (2024) révèle que les victimes présentent des symptômes similaires à ceux du syndrome de stress post-traumatique, avec des conséquences durables sur leur développement psychosocial.
Ce que nous appelons « l’épuisement numérique traumatique » se caractérise par un état d’alerte permanent, épuisant les ressources cognitives et émotionnelles de la victime. Plus inquiétant encore, environ 21% des jeunes touchés envisagent de se faire du mal suite à ces expériences, selon Gohal et al. (2023).
Les cyberharceleurs ne correspondent pas à un profil unique. On distingue plusieurs catégories : le dominant-agressif motivé par un besoin de pouvoir, le vengeur qui agit en représailles, le suiveur qui participe par conformisme, et l’idéologue qui justifie son comportement par des convictions.
Fait notable, près de 43% des cyberharceleurs ont eux-mêmes été victimes de harcèlement, illustrant un phénomène de « transmission traumatique numérique » où la victime devient bourreau dans une tentative inconsciente de reprendre contrôle et de réparer son propre trauma.
Face à cette réalité complexe, les approches multidimensionnelles s’avèrent les plus prometteuses :
En tant que professionnels, parents ou éducateurs, notre rôle n’est pas tant de contrôler que d’accompagner vers une autonomie numérique responsable. Comme le souligne Dominique Cardon, sociologue : « L’enjeu n’est pas de choisir entre technologie et humanisme, mais de concevoir des technologies qui amplifient notre humanité plutôt que de l’éroder. »
Face au cyberharcèlement, c’est bien cette vision humaniste qui doit guider nos interventions.
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